Loi Elan : tout ce qu’il faut savoir pour son application

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La transformation d’un logement en meublé touristique ne nécessite plus l’accord unanime de la copropriété dans certaines grandes villes. Les procédures d’expulsion pour impayés sont désormais encadrées par des délais stricts, avec des exceptions ciblées pour les ménages vulnérables.

Depuis sa mise en œuvre, plusieurs décrets d’application ont modifié les marges de manœuvre des bailleurs sociaux et introduit de nouvelles obligations pour les constructeurs et les collectivités locales. Les aménagements successifs compliquent encore la compréhension des règles, multipliant les cas particuliers selon la nature du bien ou la localisation.

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loi Elan : quels enjeux pour le logement et l’urbanisme en France ?

Promulguée en novembre 2018, la loi Elan a bouleversé la donne en matière de logement et d’urbanisme sur l’ensemble du territoire. Derrière ses plus de 230 articles, ce texte porte une ambition nette : ouvrir les portes du logement à tous, repenser la façon de construire, alléger la bureaucratie et accélérer la mutation écologique. Des axes forts, qui parlent aux collectivités territoriales aussi bien qu’aux propriétaires, locataires, bailleurs sociaux, syndics, promoteurs et urbanistes.

La loi Elan avance à marche rapide, en phase avec les mutations sociales et économiques. Transformer des bureaux inoccupés en logements, permettre aux locataires de HLM de devenir propriétaires, encadrer les loyers dans les zones tendues : chaque mesure cible une réalité concrète, qu’il s’agisse de revitaliser un centre-ville déserté ou d’apaiser la pression immobilière en périphérie. La mixité sociale, la lutte contre la vacance, la transparence dans l’attribution des logements sociaux via la cotation : autant de leviers pour un habitat plus juste et plus efficace.

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Ce texte redéfinit les règles du jeu pour tous les acteurs du logement :

  • Bailleurs sociaux : ceux de petite taille sont désormais tenus de se regrouper, les démarches pour construire se simplifient, et les obstacles réglementaires s’allègent pour les projets neufs.
  • Propriétaires et locataires : la sécurité s’accroît (garantie Visale, protection contre les squats), tandis que de nouveaux contrats comme le bail mobilité élargissent les possibilités.
  • Collectivités : elles disposent de nouveaux leviers pour réaménager leurs territoires et voient les délais pour traiter les recours abusifs sur les permis de construire réduits à 10 mois.

Dans le même mouvement, la digitalisation du secteur s’accélère : avec le carnet numérique désormais imposé aux logements neufs, la traçabilité devient une règle. Le décret tertiaire pousse les bâtiments à réduire leur consommation d’énergie. La loi Elan, c’est un virage concret vers un urbanisme capable de s’adapter, d’innover, de résister.

les mesures phares décryptées : ce qui change concrètement pour les acteurs concernés

Derrière les grandes intentions, la loi Elan impose de nouveaux réflexes et modifie le quotidien des professionnels et des particuliers. Prenons le bail mobilité : ce contrat court, sans dépôt de garantie, s’adresse aux étudiants et aux salariés en mobilité professionnelle pour des périodes allant de 1 à 10 mois. Une answer directe à la précarité des parcours d’habitation, soutenue par la garantie Visale : en cas d’impayé, cette caution publique couvre les propriétaires, un filet de sécurité qui vise surtout les jeunes actifs ou les ménages fragiles.

Côté HLM, le paysage change profondément. Les organismes gérant moins de 12 000 logements ou générant moins de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires doivent fusionner. La vente de logements HLM à leurs occupants s’accélère. La cotation devient la règle pour attribuer les logements sociaux, avec l’idée de plus de transparence et d’équité. En parallèle, la lutte contre les marchands de sommeil se renforce, et l’expulsion des squatteurs est simplifiée, une nouvelle ligne de partage entre la protection et la sécurité.

Dans les villes où la pression immobilière est forte, la loi expérimente l’encadrement des loyers et intensifie les contrôles sur les meublés touristiques type Airbnb. Le carnet numérique trace chaque logement neuf, documente les travaux, les diagnostics, la performance énergétique. Quant au décret tertiaire, il pèse sur les bâtiments non résidentiels : réduction obligatoire des consommations d’énergie, une adaptation à marche forcée pour syndics, promoteurs et aménageurs.

Plus question de voir des recours traîner des années : les contestations contre les permis de construire doivent désormais être jugées en moins de 10 mois. Les acteurs privés, eux, bénéficient de la prolongation du PTZ et du dispositif Pinel, pour stimuler l’accession et la location.

questions fréquentes autour de l’application de la loi Elan

La loi Elan continue de susciter débats et questions, que ce soit chez les professionnels de l’immobilier, les bailleurs sociaux ou les élus locaux. Les zones d’ombre persistent sur le bail mobilité, la couverture de la garantie Visale ou encore les modalités de l’encadrement des loyers dans les zones tendues.

Voici les points que les acteurs interrogent le plus souvent :

  • Le bail mobilité cible uniquement les étudiants ou les professionnels en déplacement temporaire. Il s’étend de 1 à 10 mois, ne se renouvelle pas et ne nécessite pas de dépôt de garantie. Flexible, il peut être couplé avec la garantie Visale, qui joue le rôle de caution publique.
  • La garantie Visale couvre les jeunes de moins de 30 ans et certains salariés du privé. En cas d’impayé, elle indemnise le bailleur. Son déploiement, encore partiel, interroge la capacité du secteur à en faire un outil de fluidité dans l’accès au logement.
  • L’encadrement des loyers concerne uniquement les villes classées en zones tendues. Il repose sur un arrêté préfectoral et vise les baux classiques autant que la location courte durée sur les plateformes comme Airbnb.

Le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel du texte, écartant quelques points jugés non conformes à la Constitution. Sur le terrain, la généralisation du carnet numérique pour les logements neufs et la simplification des regroupements d’organismes HLM avancent, non sans obstacles pratiques.

immobilier urban

mettre en œuvre la loi Elan : conseils pratiques pour collectivités et professionnels

L’application de la loi Elan impose aux collectivités territoriales et aux professionnels de l’immobilier de revoir en profondeur leurs pratiques. Entre les nouveaux outils, de l’opération de revitalisation du territoire (ORT) au carnet numérique pour les logements neufs, et l’évolution des exigences, chaque acteur doit repenser ses process, renforcer ses compétences et multiplier les échanges avec ses partenaires.

Pour les communes, la création d’une ORT s’impose comme un puissant levier pour redonner vie aux centres-villes et contenir l’étalement urbain. Ce dispositif, introduit par la loi depuis 2018, facilite la mobilisation des fonds, raccourcit les délais d’aménagement et encourage la coopération entre public et privé. Les équipes municipales peuvent aussi activer le projet partenarial d’aménagement (PPA) ou la grande opération d’urbanisme (GOU) pour mieux orchestrer le développement des logements, équipements et services.

Pour les promoteurs et bailleurs sociaux, la gestion numérique devient incontournable. Le carnet numérique des logements neufs simplifie le suivi des constructions, centralise les diagnostics et facilite la transmission des informations à l’occupant. Ce virage technologique demande d’intégrer la gestion des données dès la conception et d’assurer la conformité au fil du temps.

La révision de la loi Littoral ouvre la porte à la construction dans les dents creuses des villages côtiers, sous réserve de respecter des conditions strictes. Les urbanistes doivent désormais maîtriser ces nouvelles balises. Enfin, le décret tertiaire exige des bâtiments professionnels une réduction progressive de leur consommation énergétique, poussant syndics, promoteurs et aménageurs à s’adapter rapidement à des normes environnementales toujours plus exigeantes.

Face à ces mutations, la loi Elan trace une nouvelle carte du logement en France : mouvante, exigeante, mais aussi riche d’opportunités pour celles et ceux qui savent s’en saisir. Qui saura prendre le virage sans se laisser distancer ?