Taxes en France : classement européen des pays les plus taxés ?

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En 2022, le taux de prélèvements obligatoires en France a atteint 45,4 % du PIB, selon les données de l’OCDE. Ce niveau place la France en tête des économies avancées, devant le Danemark et la Belgique.

L’écart avec la moyenne européenne ne cesse de se creuser depuis une décennie, malgré plusieurs réformes fiscales successives. Les recettes issues de la fiscalité sur la consommation représentent une part croissante, alors que la contribution de l’impôt sur le revenu reste plus faible qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni.

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Panorama de la fiscalité en France : quels impôts et quelles contributions ?

Derrière le mot « fiscalité », la France cache une mécanique sophistiquée, faite de prélèvements multiples et de subtils équilibres. Sur le terrain, l’État et la Sécurité sociale puisent dans un vaste ensemble de ressources pour financer écoles, hôpitaux, retraites et filets sociaux. Ce montage repose sur trois piliers :

  • Impôts directs : L’impôt sur le revenu (9,5 % du PIB) et la taxe foncière visent d’abord les ménages. Les entreprises, quant à elles, s’acquittent de l’impôt sur les sociétés (2,5 % du PIB), un poste scruté par les dirigeants comme par les fiscalistes.
  • Impôts indirects : La TVA occupe la première place (12,2 % du PIB), devant les taxes sur les carburants et plusieurs produits de grande consommation. Ces prélèvements se répercutent sur l’ensemble des citoyens, sans distinction de revenu.
  • Cotisations sociales : Prélevées sur les salaires (14,8 % du PIB), elles servent de colonne vertébrale à la Sécurité sociale, assurant retraites et assurance maladie. Impossible de parler du modèle français sans souligner ce socle.
  • Impôt sur le patrimoine : À hauteur de 3,8 % du PIB, il s’adresse aux revenus et actifs immobiliers ou mobiliers, pesant surtout sur les détenteurs de biens.
  • Impôt sur les salaires : Encore 1,8 % du PIB. Il s’ajoute aux contributions déjà mentionnées, grevant un peu plus le coût du travail.

Au total, l’impôt irrigue 90 % du budget public. C’est cette manne qui finance les retraites, dont la part approche un quart de l’ensemble des recettes fiscales françaises. Les recettes non fiscales, dividendes, loyers publics, amendes, ventes ponctuelles, demeurent marginales, anecdotiques face à l’ampleur de la collecte fiscale.

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Ce système, loin d’être neutre, façonne le modèle français : une redistribution massive, une protection sociale ambitieuse, mais aussi une charge qui pèse à la fois sur les entreprises et les ménages. La part prépondérante de la TVA et des cotisations sociales reste une caractéristique forte et persistante du paysage fiscal national.

Où se situe la France dans le classement européen des pays les plus taxés ?

La position de la France sur le podium de la fiscalité n’a rien d’anecdotique. Depuis 2022, elle occupe la première marche parmi les membres de l’OCDE, avec un taux de prélèvements obligatoires atteignant 46,1 % du PIB. Le Danemark, longtemps cité en exemple, a glissé derrière, à 41,9 %. Viennent ensuite la Norvège (44,3 %), l’Autriche (43,1 %), puis la Finlande et l’Italie. Selon Eurostat, le taux français grimpe même au-dessus de 48 % du PIB pour la même année.

La France se situe donc nettement au-dessus de la moyenne de la zone euro (41,7 % du PIB) et de celle de l’Union européenne (41 %). L’écart avec la moyenne des 38 pays développés de l’OCDE (34 %) est saisissant. À l’opposé du spectre, le Mexique affiche le taux le plus bas, avec 16,9 % du PIB.

Ce record ne tient pas seulement à la quantité prélevée. La structure des impôts, avec une place centrale accordée aux cotisations sociales et à la redistribution, creuse l’écart avec la plupart des voisins. Le modèle français, où la solidarité nationale pèse lourd, ne cesse d’alimenter débats et controverses, entre défenseurs du pacte social et partisans d’un allègement fiscal.

Comparaison des systèmes fiscaux : différences et points communs entre la France et ses voisins

Quand on compare les fiscalités européennes, la France se démarque par sa préférence pour les prélèvements sociaux. Les entreprises et les salariés contribuent massivement via les cotisations, bien plus qu’ailleurs en Europe. À l’inverse, la part de l’impôt sur le revenu (9,5 % du PIB) reste modérée, alors que des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas misent davantage sur cette source de financement, limitant la charge sur les entreprises.

En Europe du Nord, l’État providence existe aussi, mais sa stratégie diffère : le Danemark, par exemple, privilégie la fiscalité directe et une TVA élevée, tout en allégeant les cotisations sociales. Cette répartition alternative vise à maintenir la compétitivité des entreprises, tout en garantissant un niveau élevé de services publics.

Un constat s’impose néanmoins à l’échelle de l’Union européenne : la TVA reste partout un pilier majeur des finances publiques. Son taux normal ne descend jamais sous 15 %, et la France, avec 12,2 % du PIB provenant de la TVA, se situe dans la moyenne. Quant à l’impôt sur les sociétés (2,5 % du PIB en France), il demeure faible, et fait l’objet, dans toute l’Europe, de stratégies d’optimisation et de tentatives d’harmonisation.

Ce qui distingue vraiment la France, c’est l’ampleur de la redistribution : en 2021, un quart des recettes fiscales finance les retraites, un chiffre nettement supérieur à celui de ses voisins. Derrière ce choix, la volonté de préserver un modèle social exigeant, mais qui provoque régulièrement des débats sur sa viabilité et sur la capacité du pays à rester attractif économiquement.

Quels impacts économiques pour un niveau élevé de prélèvements obligatoires ?

Le poids des prélèvements obligatoires façonne en profondeur le paysage économique français. La France, championne des prélèvements selon l’OCDE, consacre une part considérable de sa richesse à la protection sociale : 33,3 % du PIB en 2021, soit 834 milliards d’euros. Ce choix, assumé de longue date, a permis au pays de traverser la crise du Covid-19 avec un bouclier social redoutablement efficace. La Sécurité sociale a couvert les tests, l’État a indemnisé le chômage partiel, entreprises et salariés ont été soutenus face à la tempête.

Mais cette générosité a un prix. La pression fiscale sur les entreprises, alimentée par les cotisations sociales et les impôts sur la production, pèse sur la compétitivité. Certains secteurs, fragiles ou exposés à la concurrence internationale, ressentent plus vivement cette charge. Quant aux ménages, ils profitent d’une sécurité rarement atteinte ailleurs, mais le financement de la protection sociale implique des arbitrages budgétaires permanents et parfois douloureux.

Récemment, la flambée des prix de l’énergie a mis en lumière la puissance de l’État fiscal : le bouclier tarifaire a été déployé pour limiter la hausse du coût de l’essence et de l’électricité. Ce faisant, la France a démontré sa capacité à intervenir rapidement, mais aussi la dépendance de son système aux recettes publiques. Pendant ce temps, l’OCDE et l’Union européenne accélèrent l’harmonisation fiscale, imposant désormais une taxation minimale des bénéfices des grandes entreprises à 15 %. Un basculement s’opère, entre concurrence fiscale et nécessité de préserver les ressources pour financer les politiques publiques.

La France, fidèle à elle-même, persiste dans son choix d’un modèle social ambitieux et d’une fiscalité lourde. Reste à savoir jusqu’où ce fragile équilibre pourra tenir face à la mondialisation et à la recherche de compétitivité. Le débat est loin d’être clos, et chaque réforme fiscale réveille la même question : à quel prix préserver ce modèle unique ?